Statistiques: l'activité touristique au Maroc connait une baisse au premier semestre



La fréquentation touristique a connu au premier semestre une baisse de 2,6%. Secteur clé de l'économie, le tourisme reste l'une des principales sources de devises du royaume. Mais le pays avec 10 millions d'arrivées par an n'est qu'à la moitié de ses objectifs 2020.



Marrakech, principal pôle touristique du Maroc. 


Scrutés à la loupe à chaque parution, les chiffres relatifs à  l'activité touristique au Maroc sont une donnée sensible. Et pour cause, le tourisme reste l'un des principaux secteurs pourvoyeur de devises du pays : la part du tourisme dans le produit intérieur brut (PIB) du Maroc était ainsi de 5,9% en 2014.
Voilà pourquoi, le repli de 2,6% en glissement au premier semestre des arrivées de touristes annoncé par l'Observatoire du tourisme marocain fin août n'est pas passé inaperçu. Au premier semestre, près de 4,2 millions de touristes ont visité le Maroc.
Marrakech, ville hôte de la future COP22 en novembre et Agadir restent les deux principaux pôles touristiques. Ces deux villes trustent à elles seuls 59% des nuitées totales au premier semestre malgré des baisses respectives de 3% et 5%.
Côté pays émetteurs, la France (-5%), le Royaume Uni (-8%), l'Allemagne (-7%) et l'Italie (-5%) reculent. Et dans l'ensemble, le nombre de touristes étrangers a baissé de 5,6%. Le nombre de Marocains résidant à l'étranger (MRE) a connu en revanche une augmentation de 1,7%.
En 2015, le Maroc avait accueilli 10,17 millions de touristes avec déjà un petit repli sur un an de 1%. Pour 2016, Lahcen Haddad, ministre du Tourisme, anticipe 10,6 millions d'arrivées et 60 milliards de dirhams (1 000 dirhams = 92 euros) de recettes en devises.
Selon lui, concernant le premier semestre, "cette baisse [de 2,6% du nombre des touristes] est due principalement au mois de Ramadan qui connaît une stagnation du tourisme. Les chiffres du mois de juillet sont en redressement. Nous aurons un bel été et nous finirons l’année sur une augmentation de 1% ou, pire, une stagnation." a-t-il expliqué au site Jeune Afrique.
Si le royaume est resté épargné ces dernières années par le terrorisme, le contexte sécuritaire de la région et l'image des pays musulmans en Europe joue un rôle important dans le plafonnement du secteur qui, de surcroit au Maroc, souffre d'une absence de positionnement clair entre tourisme de masse et destination authentique. L'apport espéré des pays émergents (Chine, Russie....) quant à lui demeure pour l'instant marginal.
Néanmoins, le Maroc demeure très loin des terribles difficultés de la Tunisie qui accueillait encore 7,16 millions de touristes en 2014 et en a reçu seulement 5,36 millions en 2015.
Malgré cette période de surplace, le Maroc demeure le premier pays touristique du continent africain devant l'Afrique du Sud (8,9 millions de touristes en 2015) qui elle aussi plafonne. Par comparaison, en Europe, la Grèce enregistre environ 25 millions d'arrivées par an et la France premier pays touristique au monde a accueilli 84,48 millions de touristes en 2015.
Au Maroc, le secteur est encadré par le Plan Azur lancé en 2001. Dans sa Vision 2010, celui-ci prévoyait de porter de 4 millions en 2001 à 10 millions en 2010 le nombre de touristes avec notamment la création de six grandes stations balnéaires intégrées (semi-échec). L'objectif était atteint à 93% en 2010 avec 9,29 millions de touristes et est donc rempli avec cinq ans de retard.
Mais la "Vision 2020" lancée en 2010 à Marrakech qui a fixé l'objectif de multiplier par deux la taille du secteur, soit 20 millions d'arrivées, n'a aujourd'hui aucune chance d'être atteint d'ici à 4 ans.
Nasser Djama et Pierre-Olivier Rouaud

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