48 heures à Agadir, par Claude-V. Marsolais

La ville d'Agadir, située à plus de 500 km au sud de Casablanca, est devenue depuis les années 60 la principale station touristique du Maroc tout en demeurant l'un des principaux ports de pêche du pays. C'est une ville nouvelle de 350 000 habitants, reconstruite après le désastreux séisme du 29 février 1960, qui jouit d'un climat exceptionnel avec une température moyenne de 19°C et 300 jours d'ensoleillement. De plus, une autoroute d'Agadir à Marrakech, actuellement en construction, devrait encore accélérer le développement de la ville.

Jour 1 :Premières impressions

À l'aéroport d'Agadir-Massira, l'agence de voyages chargé du transport jusqu'à l'hôtel n'est pas au rendez-vous (une situation assez courante, selon le bureau de tourisme de l'aéroport). Il faut donc prendre un taxi (25$) jusqu'au centre-ville, une distance de 23 km. Durant le trajet, je suis étonné par l'ampleur de la construction. Les quartiers de banlieue poussent à un rythme époustouflant.

À l'hôtel Argana, je suis impressionné par le plafond du hall d'entrée, avec ses arabesques et ses vitraux. En conformité avec la tradition marocaine, les chambres sont disposées autour d'un patio intérieur. À l'arrière, on retrouve une grande piscine et une terrasse avec transats et tables de ping-pong; au fond de la cour, une grande volière où nichent des perruches de différentes couleurs.


Après un léger goûter, petite promenade de reconnaissance sur le boulevard Mohammed V, principale artère de la ville, qui est joliment bordée de palmiers, mais qui constitue un véritable danger pour les piétons. Il semble bien que la priorité ici est aux voitures puisque les feux de circulation sont rares et non visibles pour les piétons. Du côté Est du boulevard, on trouve le Théâtre de Verdure (qui n'a rien de vert), en forme d'hémicycle où l'on donne parfois des spectacles ainsi que des installations sportives (tennis et stade). Un peu plus loin, derrière des courts de tennis, un parc clôturé sert surtout de poubelle aux passants car le sol est recouvert de déchets de toutes sortes et personne ne s'y aventure sauf les chats.

Une voie piétonne à côté de l'hôtel permet de rejoindre le bord de mer, près du Club Med. Ici la plage de sable fin est profonde (300 m) et une nouvelle promenade en construction doit rejoindre La Corniche. Dans cette partie de la ville, on côtoie beaucoup d'étrangers, surtout des Allemands et des Français.

Retour à l'hôtel vers 17h afin de prendre un repos bien mérité après une nuit sans sommeil à bord de l'avion.

Jour 2

9h

L'activité du port

Je prends la direction du port en empruntant La Corniche, bordée d'un côté par la plage et de l'autre, par une rue jalonnée de restaurants, cafés et boutiques de souvenirs. Il faut une bonne demi-heure de marche pour rejoindre le complexe d'habitations entourant la nouvelle marina de plaisance.

Un peu plus loin, à l'entrée du port, il faut obtenir un formulaire à la douane pour avoir accès aux installations. Si vous venez en car de touriste ou en taxi, cette formalité n'est pas nécessaire.

Dans le grand bâtiment a lieu tous les matins la criée, immense capharnaüm où les pêcheurs négocient le prix de leurs prises du jour à des intermédiaires. On contemple le spectacle très sonore à partir d'une mezzanine aménagée pour les visiteurs. À l'extérieur, le long des quais, des dizaines de sardiniers déchargent leurs cargaisons, qui sont mises dans des cagettes et pesées. L'activité est intense et sensorielle, les carcasses de sardine et l'eau de nettoyage exhalant une forte odeur. Mais le spectacle en vaut le coup.

11h

Souvenir du séisme

Une fois sorti de la zone portuaire, je prends un taxi qui me mène à l'ancienne Kasbah qui domine une colline, aussi haute que le mont Royal. De cette ancienne forteresse, il ne reste que des remparts, le séisme de 1960 ayant tout détruit. On accède par une porte aux ruines qui sont devenues le cimetière des 2000 personnes qui y ont péri. Du promontoire, on a une vue panoramique sur la ville et sur la baie qui s'étend sur six kilomètres.

Retour sur la Corniche et arrêt au restaurant Chez Mimi, une Franco-Marocaine qui sert les meilleures brochettes en ville.

14h

Jardins et oiseaux

Visite du jardin du Portugal, un parc public où poussent des palmiers, figuiers, araucarias et autres espèces végétales de la région. Quelques amoureux se content fleurette sur des bancs. On y retrouve aussi quelques bâtiments de style colonial, dont un café. À proximité, un musée relate en photos les conséquences du fameux tremblement de terre du 29 février 1960 qui a fait au total 17 000 victimes. Le responsable du musée parle aussi vite que Louis-José Houde mais il est très intéressant et bien amusant. Il ne rechigne pas à répéter ses explications si on lui demande.

À un kilomètre du jardin du Portugal, se trouve la vallée des Oiseaux, rue Hassan II, un ancien ravin inesthétique que l'on a transformé en boisé et en mini-zoo. Dans des volières parfois surpeuplées, on retrouve diverses espèces d'oiseaux, originaires pour la plupart d'Afrique, comme des perruches ondulées, des cokatiels, des aras, des grues, des paons ainsi que des animaux de basse cour comme des canards et plusieurs variétés de poules. Quelques enclos sont réservés à des gazelles, des mouflons de montagne, des singes "méchants" et même un bébé kangourou.

16h

Les arts berbères

En une dizaine de minutes à pied de la vallée des Oiseaux, on se rend facilement au Musée des arts berbères, passage Aït-Sous, en empruntant la rue Hassan II, la principale rue commerçante. Difficile à rater puisqu'on a érigé une fausse muraille et une porte en pisé devant l'entrée. Le musée s'est surtout spécialisé dans l'exposition de bijoux berbères qui sont très élaborés et des instruments servant à leur fabrication. Quelques poignards, armes à feu et étuis à poudre des anciens guerriers berbères sont aussi exposés de même que des plats anciens pour la préparation des couscous et tajines. Au sous-sol, l'éclairage est déficient et contrôlé par un employé. Il sollicitera un pourboire à la fin de la visite.

Je hèle ensuite un taxi orange pour aller à la Coopérative des artisans. C'est un endroit à la fois de formation et de production de bijoux, vêtements, tapis, pièces en fer forgé, poteries, etc. Les artisans y oeuvrent et vendent aussi leurs créations. Ahmed, installé dans l'édifice principal, confectionne de magnifiques djellabas pour hommes ou femmes. Il vous parlera de quelques parents qui ont émigré à Toronto. Dans cette coop, les prix sont fixes et un peu plus élevés que dans les souks, mais on peut être assuré de la qualité.

22h

Soirée au casino

Je me rends à l'un des trois casinos de la ville, le Shem's, question de comparer avec les nôtres. C'est un très petit casino où il y a surtout des vidéo-pokers et d'autres jeux électroniques assez étranges. Quelques tables de poker et de roulette attirent des clients. Beaucoup d'appareils sont défectueux, mais aucune affiche n'avertit les clients. Tout de même chanceux, je m'en sors avec un gain de 30$. Retour à pied à l'hôtel dans des rues désertes, mais tout de même sécuritaires en raison de la présence policière.

Jour 3

9h

Le souk

De l'hôtel, je pars à pied en direction du souk qui se trouve à environ 30 minutes, dans une zone semi-industrielle. Au bout d'un moment, je me sens suivi par un homme qui m'aborde gentiment et me demande où je vais. «Au souk!». Il m'informe sur la direction à prendre et je le perds de vue; aussitôt un deuxième homme s'approche et engage la conversation. Après les civilités d'usage, il me propose un raccourci en insistant pour que je visite la boutique de son frère, hors du souk. Je parviens à me débarrasser de ce rabatteur (une plaie à Agadir), mais non sans avoir perdu mes repères dans un quartier où le nom des rues est la plupart du temps absent.

J'aperçois finalement le souk, entouré d'un rempart en pisé percé de nombreuses portes. J'emprunte la porte 11 et je pénètre dans la caverne d'Ali Baba, un labyrinthe de ruelles où s'entassent des centaines de boutiques. Dans certaines parties sont concentrées les boucheries, fruiteries et épiceries. Mais ailleurs c'est disparate. Un marchand de chaussures côtoyant un bijoutier, un vendeur d'articles de cuisine, etc.

Chez un marchand de babouches, j'essaie différents modèles et retiens une paire; mais encore faut-il en négocier le prix. Pas facile pour un consommateur habitué aux prix fixes. En général, m'a-t-on recommandé, il ne faut pas payer plus du tiers du prix demandé. Mais le marchandage peut être long et si vous n'avez pas beaucoup de temps, vous aurez tendance à céder du terrain. En parcourant les venelles du souk, vous trouverez facilement un objet, article, vêtement assez unique et original que vous voudrez rapporter dans vos bagages. La clientèle est davantage marocaine et les femmes portant le voile sont en forte majorité.

Après avoir fouiné deux heures dans le souk, il faut penser revenir à l'hôtel pour boucler ma valise. En route vers l'aéroport, je jette un dernier regard sur la campagne. C'est un immense potager où on récolte en toutes saisons des légumes et des fruits (surtout bananes, oranges et mandarines) grâce à l'irrigation. Des troupeaux de moutons et de chèvres vont et viennent en bordure de la route pour y brouter de l'herbe plutôt sèche.

Commentaires

Articles les plus consultés